Eclipse amoureuse: #2
1er juillet, 6h30 : Anna-Lise s’éveille dans l’anonymat d’une chambre. Elle est seule.
Les draps blancs veulent la retenir encore un instant pour profiter de sa chaleur. Elle oublie un moment le pourquoi de son lever, mais après quelques soins corporels, elle sort.
Les escaliers l’avalent avidement dans cette grande tour d’argent, là où les langues se mélangent et où personne ne se comprend. Elle ouvre enfin les yeux sur le trottoir et sourit : il fait beau et les murs sont gris. Le vent la pousse vers un parc couvert de gazon synthétique, avec seulement le bruit d’une cafetière industrielle dans le lointain.
Elle s’assoit sur un banc, regarde passer quelques enfants accompagnés d’un ballon électrique et d’une nourrice épinglée. Anna-Lise trouve les enfants jolis, mais n’arrive pas à se souvenir d’avoir été si jeune. Ses pensées l’enveloppent dans leur pureté.
Elle vit pour vivre… oublie pour vivre… chante pour ne pas pleurer… Elle n’a besoin ni d’argent, ni de travail ; ses revenus proviennent de rentes dont l’origine lui est inconnue et indifférente.
Mais bientôt, il pleut… Elle sort du parc et entre dans un cinéma. Un jeune homme s’installe près d’elle. Il lui ressemble.
Ils se regardent, s’admettent et s’aiment. Ils partent ensemble, deux faces d’une pièce tombée sur la tranche.
Prêts à incendier le monde pour réchauffer l’autre, à inonder les vallées pour vivre plus haut, à dévier le vent pour qu’il ne vienne pas troubler les doux instants…
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