Exil #1
Le voyage spatial durait depuis plusieurs millénaires terrestres. Le vaisseau Gaius avait parcouru des millions d’années lumières depuis la Terre à la recherche d’une planète habitable pour son équipage en hibernation.
Celui ci, composé de quelques humains, voyageait à travers l’univers depuis un départ précipité et brutal de la planète originelle. Paradis initial consommé et brûlé par leurs congénères, un monde en feu et en sang, une nature à l’agonie.. L’humanité s’éteignait, mourant de faim et de maladies à part quelques privilégiés qui vivaient leurs dernières heures dans l’incandescence des drogues et alcools. Libations ininterrompues, terreur dans des . paradis de la peur.
Cinq vaisseaux du même type que le Gaius transportant les espoirs d’une espèce par delà les galaxies étaient partis en même temps, dernière salve d’une civilisation malade et déficiente, qui s’était plu à laisser quelques dirigeants décider de leur fin.
Gaius était sous le contrôle de Siegfreud, ordinateur quantique, monstruosité technologique, rassemblant toutes les connaissances terrestres, capable de raison mais pas de sentiment, insensible à la faiblesse et dont la tache était de maintenir en vie l’équipage tout en essayant de détecter une planète habitable.
Siegfreud savait être un ordinateur unique ou des ordinateurs en parallèle, il s’adaptait aux aléas du voyage.
Ses télescopes embarqués scrutaient les galaxies, les soleils, les planètes, étudiaient les merveilles de l’univers: trous noirs, naines blanches, et naines brunes. Siegfreud enregistrait, déduisait, découvrait de nouvelles théories mais ne s’émerveillait pas. Siegfreud ne faisait pas résonner du Wagner dans les couleurs du Gaius, riant du sommeil des humains. Siegfreud s’alimentait de connaissances, analysant la beauté du tout sans s’en émouvoir.
Quelques météorites avaient percuté le vaisseau mais sans dommage. Celui ci avait pu continuer son chemin, de galaxies en galaxies, le bord de l’univers n’était sûrement pas encore visible, ni le dieu qui en avait voilé la roue. Tourne tourne boule universelle, fais chatoyer tes yeux d’agate pense le dieu avant de rire et de pleurer quelques supers novas.