Exil #3 fin

Artus et Sonja oeuvraient à produire la vie, la faune et la flore artificelles sans relâche passaient entre leurs mains avant qu’ils ne les transmettent aux robots qui allaient enivrer de vie la terre de Sabulum. Le dôme les protégeait et enfin , bien vite, trop vite, une atmosphère respirable s’établit sous la surface vitrée, il faisait chaud mais c’était viable.

Les humains sortirent du vaisseau se roulant dans le sable et l’herbe, se disant qu’ils vivaient.

 

Calima et Pedro supervisaient les travaux d’exploration et d’aménagement de la planète, il est connu que les humains peuvent tout remodeler  à leur envie sans conséquence.

 

Varlie, lui, réfléchissait. Mutin mutique, ill s’était installé une sorte de trône  à l’extérieur du vaisseau, et avachi, la tête dans les mains, il semblait réciter une litanie, une prière de compréhension comme les magiciens d’autrefois. Il voudrait entendre l’écho de l’univers, mais il est sourd.  Siegfreud ne l’aide pas, il n’écoute pas, il ne fait que travailler avec les robots. Varlie est seul, ses pieds s’enfoncent toujours un peu plus dans le sable.

 

Au bout de trois rotations de la planète autour du plus gros soleil, et avant sa rotation autour du plus petit, car les orbites sont parfois compliquées, le dôme de verre ne fut plus utile et les nano robots le détruisirent.

Toute la planète était respirable et les humains avaient réussi à implanter plusieurs formes de vie. Des comestibles: lapins, boeufs, chèvres, cochons, poules … des prédateurs loups, renards, … des parasites utiles tels que les rats ou les moustiques.

En revanche, les tentatives de fabrication de bébés humains in vitro avaient échoués. Rien ne marchait et même Siegfreud se murait dans la catatonie pour ne rien expliquer.

 

Un jour, les robots disparurent sans laisser de trace. Ils n’étaient plus utiles. La planète était viable. Les humains dormaient dans des champs toujours sous les lueurs chaudes d’un soleil ou l’autre. Nul besoin de maison, de voiture ou d’avion ici, seule la vie soufflait son parfum enivrant.

 

Tenant à sa mission, Varlie ordonna à Calima et Pedro de s’accoupler ainsi qu’à Artus et Sonja. Les deux premiers semblèrent des bêtes alors que les autres voulaient prendre du temps et de la douceur, mais rien n’y fit. Aucun bébé humain ne semblait pouvoir voir le jour sur cette planète.

Bien que cela semblât malsain, Varlie ordonna aux uns et aux autres de changer de partenaires sans aucun résultat. Siegfreud était toujours silencieux sur ce sujet, avait il l’information ?

 

L’ambiance entre les membres d’équipage devenait délétère. Chez les humains, la guerre se larve et se conjugue.  Il fallut trouver une solution.

Artus et Sonja partirent au nord, à la recherche de calme et d’union. Ils avaient cet esprit là.

Calima et Pedro partirent au sud. Pedro se blessa dans une chute de pierres et mourut des séquelles de ses hémorragies. Calima n’en fut pas trop affectée, elle n’avait pas d’amour en elle. Ses parents lui avaient appris à réussir, pas le reste. Mais seule, enfin, elle ne sut où aller, elle se laissa aller un jour dans le cours d’une rivière, elle se sentit fraîche un instant avant de se noyer, heureuse, sauve, ou libérée.

 

Varlie travaillait lui avec Siegfreud sur le sujet du phénotype étendu et l’hypothèse Gaia. Il voulait théoriser sur l’impossibilité des humains de se reproduire sur cette planète alors que les autres espèces semblaient s’épanouir ici. La faune, la flore de la terre avaient envahi Sabulum et de nouvelles espèces chatoyantes naissaient. Bien sur les prédateurs chassaient mais une relative sérénité régnait.

Si les humains ne pouvaient procréer c’est que ce monde le refusait et si ce monde le refusait c’est qu’il savait que les humains étaient mauvais pour lui.

 

Artus et Sonja se construisirent une cabane au bord d’un fleuve, vivant d’amour et d’eau fraîche. Ils ne vieillissaient pas mais leur vie fut vite stérile, quelques tours de soleils et leur tendresse devint détachement puis indifférence.

Artus se pendit à un arbre, sans laisser de mot, un matin après des oeufs au plat. Sonja ne voulut pas rester seule, et dans ses lourds vêtements, elle marcha dans l’eau lourde du fleuve, et se laissa noyer, aussi …  Personne ne les pleura.

 

La planète continuait son cheminement entre ses soleils. La vie continuait sur elle, elle devint un bel endroit où la vie fourmillait, des myriades d’espèces animaient l’air et le temps, sans concurrence, dans un équilibre imparfait mais rétabli sans cesse.

 

Varlie s’enfonçait chaque jour plus dans le sol, ses jambes étaient entrées dans la terre, il s’enracinait. Le vaisseau avait disparu, dévoré par les herbes et le sable emmenant Siegfreud qui fit  corps avec la planète.

Parfois, l’ordinateur écrivait des mots dans un nuage ou sur une feuille d’arbre qui rejoignait Varlie. Valie comprenait et s’adaptait.

 

Un soir d’orage, le dernier homme fut touché par la grâce et la foudre. Le silicium et la chair se touchèrent, les lobes temporaux de Varly fusionnèrent avec la mémoire de l’ordinateur, sa conscience se fit omniscience.

Les lobes frontaux  de Varly fondirent, remplacés par des plaques de silicium.  Sa colonne vertébrale se disloqua entrant en contact avec le coeur et la lave de la planète. Il s’immisça au coeur de ce monde. Atomes contre atomes, molécules à cheval, cosmogonie pariétale, Varly devint devin.

L’homme, recréé, naquit pour quelques secondes, sous la lumière de deux soleils. l’esprit agenouillé tel le Crieur. Il comprit les univers et le monde et que cette planète avait refusé les humains, car l’intrication n’était pas que quantique, mais multiverselle.

Sabellum avait terminé l’humain car la Terre, depuis son tombeau glacé,  lui avait dit de ne pas le garder. Telle une loi, il est écrit sur les tables des univers, que  l’humain ne peut exister dans un monde qui n’est pas le sien.

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